Samedi 11 avril 2020 – Samedi saint – Matin
Confinement I – 26e jour

Hugo Bogo,
La mise au tombeau
Cathédrale de Nice
2007

— Méditation pour le matin du Samedi saint —


Le tombeau est fermé. La pierre est roulée.  Le corps de Jésus est seul, couché dans la poussière de la mort. Tout n’est que silence. Le temps du samedi saint est presque un temps hors du temps. Le temps de l’attente qui s’étire, qui s’étale, qui se languit. Dans l’habitude de nos vies essoufflées, nous ne prenons presque jamais le temps de vivre la lenteur et le silence du samedi saint. Nous passons trop vite de la mort à la vie, comme si tout allait de soi, comme si tout cela était « normal ». La fête de pâque demande des préparatifs, nous n’avons pas le temps d’attendre.

Cette année, le confinement que nous devons vivre donne un goût de Samedi Saint à l’ensemble des fêtes pascales… Et ce ne sera pas encore fini… Nous sommes astreints à rester confinés dans cette attente de la délivrance. Nos pensées peuvent aller et venir, mais nos corps marquent encore l’attente du dénouement. C’est précisément dans cette attente, dans cet entre-deux que nous vivons le caractère unique de notre expérience ; et il est exigeant. Car comme nous le rappelle mon ami Robert Scholtus :

« Le jour viendra où nous sortirons de ce grand enfermement, où nous pourrons enfin nous embrasser et chanter nos alléluias à tue-tête. Mais à partir de ce jour-là, nous serons impardonnables si cette joie retrouvée nous faisait oublier de quelles servitudes, de quelles illusions, de quels égoïsmes cette quarantaine républicaine, laïque et obligatoire nous aura (provisoirement) guéris. »

Que ce temps de veille au tombeau du Christ garde mémoire de la densité de notre vie et qu’elle nous entraine à l’espérance, comme le sportif à la victoire.