Dimanche 12 avril 2020 – Saint jour de Pâque
Confinement I – 27e jour

Anatol Serkov,
Anastasis
Icône sur bois

Le Christ est Ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
Christus resurrexit ! Resurrexit vere !
Χριστός Ανέστη ! Αληθώς Ανέστη !
“المسيح قام، حقا قام

« Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : “La paix soit avec vous !” » (Jn 20, 19)

 Les portes du Cénacle sont verrouillées. Les portes de nos maisons sont closes, sinon par peur du virus, au moins par prudence. Personne ne s’enferme de gaité de cœur. Rien ne peut nous rejoindre, rien ne doit nous atteindre : il en va de la nécessité de la survie : les notre et celles des autres. Mais la survie n’est plus tout à fait la vie. Elle n’en est qu’une réduction nécessaire : juste ce qu’il faut pour rester en vie. Voici quelque temps que nous limitons nos existences : pas de sortie, trop peu de gestes de tendresse, pas de baiser, pas de câlins, peu de rencontres… Les disciples n’avaient sans doute pas grand-chose à nous envier non plus, recroquevillés sur leurs peurs et leur angoisse après la mort du Maître. Mais rien ne saurait empêcher le Sauveur vivant de les rejoindre pour les aimer jusqu’au bout : aucune porte, aucune cloison, aucune peur, aucune loi ! Dieu se moque de nos confinements : ils ne l’arrêteront pas. Nous ne nous rassemblerons pas cette année pour nous étreindre dans l’exultation pascale : « Le Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité ! » mais c’est bien le Christ à jamais vivant qui vient nous enserrer de son amour dans nos foyers et nos intimités. Comment n’en serait-il pas ainsi, si même la mort n’a su le garder captif. La puissance de la résurrection emplit nos vies dès aujourd’hui même si nous continuons de traverser l’épreuve : il nous donne sa paix !

« Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : “La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie.” » (Jn 20, 20-21)

 Le Seigneur se fait reconnaitre pas ses plaies transfigurées, non cicatrisées : La vie divine ne nie pas nos épreuves et ce que nous avons vécu, mais elle les sublime. Nicolas Cabasilas, un des derniers Pères de l’Église, nous enseigne ceci :

« Il n’a pas rejeté ses blessures, et en a gardé les cicatrices. S’il l’a voulu, c’est par amour pour l’homme. Car, c’est par ses plaies qu’il a retrouvé celui qui était perdu. Grâce à ses meurtrissures, il s’est attaché celui qu’il aimait. L’art des médecins et la nature arrivent, parfois, à faire disparaitre ces traces sur des corps mortels et corruptibles ; comment comprendre qu’un corps immortel puisse garder ces cicatrices ? (…) Un tel comble de tendresse s’exprime en ce qu’il ne rougit pas des infirmités de notre nature et siège sur son trône royal marqué des cicatrices héritées de la faiblesse humaine ».

La force de la Résurrection ne conduit pas à l’insouciance, mais à la responsabilité. La force de la résurrection ne conduit pas à l’oubli, mais à la mémoire. La force de la résurrection ne conduit pas à fuir le monde, mais à le vivre pleinement. Oui, la force de la résurrection ne fait pas disparaitre la pandémie comme par magie, mais nul doute qu’elle nous donnera tout force pour la traverser et transformer notre monde par notre manière de vivre d’une vie nouvelle.

C’est précisément pourquoi l’envoi des disciples d’origine dans la paix du jour de Pâques. Personne ne rencontre le Ressuscité sans qu’il l’envoie comme prophète de son amour. Personnes reçoit le Ressuscité chez lui, sans qu’il fasse toute chose nouvelle pour lui.

Aujourd’hui, prenons le temps de goûter la joie de sa paix. Aujourd’hui, prenons le temps de recevoir la force de Dieu. Aujourd’hui crions l’Alléluia pascal à perdre voix, car il a vaincu tout mal !

Le Christ est Ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
Christus resurrexit ! Resurrexit vere !
Χριστός Ανέστη ! Αληθώς Ανέστη !
“المسيح قام، حقا قام