Dimanche 19 avril 2020 – Deuxième dimanche de Pâques
Confinement I – 34e jour
Sur Jn 10, 1-10
En 48e jour de confinement — si le compte est bon — nous célébrons le 4e dimanche de Pâques, appelé le dimanche du Bon Pasteur. Et la liturgie semble user envers nous d’un étrange sens de l’humour : « Ses brebis à lui [le berger] les appellent chacune par son nom, et il les fait sortir. » (Jn 10, 3). Et si, en réponse à cette malicieuse provocation, notre désir de sortir enfin de ce confinement augmente encore un peu, le Seigneur ne pourra s’en prendre qu’à lui-même ! Au-delà toute espièglerie, il nous faut comprendre la portée de cette affirmation. Le rôle du berger est de faire « sortir les brebis ». Même si nous aimons être casaniers, notre vocation n’est pas de rester confinés dans l’étable sécurisante de nos habitudes, mais de sortir à la rencontre du monde. Cette « sortie » vers le monde n’est pas sans risque. Et je ne parle pas de celle du coronavirus ! Elle est risquée parce qu’audacieuse. La puissance de la Résurrection que nous venons de célébrer se saurait être ni contenue ni cachée au monde. Elle est pour tous et pour toutes. La vie est devant, la vie est au-dehors ! Rester immobile revient à être condamné à mourir : de faim, d’ennui, de solitude. Non, si le Seigneur nous mène à l’extérieur de nous-mêmes, à l’extérieur de nos convenances, à l’extérieur de notre Église, c’est pour vivre pleinement. Les circonstances présentent mettent en relief ce besoin de vivre, ce besoin de sortir. Mais il ne faudrait pas que nous sortions inconscient et insouciant. Nous sortirons pour vivre, pour aimer, quel qu’en soit le prix : voilà le sens de toute vocation.
Nous ne pouvons pas, pour un moment encore, sortir librement. Nos corps sont confinés. Mais nos esprits et nos âmes le sont-ils ? « L’Église en sortie », que le Pape François nous exhorte à devenir, ne saurait être contenue dans les limites de nos astreintes parce qu’elle vit profondément de la vie de Dieu. Même si nous vivons ce temps entre Pâques et Pentecôte enfermés au Cénacle comme les Apôtres, la puissance de la Résurrection est déjà à l’œuvre. Comme les Apôtres, nous attendons l’Esprit de la promesse pour qu’il renouvelle dans nos cœurs la puissance de notre baptême : alors nous sortirons libres et responsables. Et sous la conduite du Bon Pasteur, lui qui donne sa vie pour ses brebis, nous pourrons vivre, de manière renouvelé, l’Évangile au risque du monde.
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