Parole de Dieu pour un dimanche

10e dimanche du temps ordinaire
9 juin 2024

Dans les icônes de la résurrection (Anastasis), le Christ tire Adam et Ève de leurs tombeaux.
Sous les portes brisées du royaume des morts on voit le diable ligoté comme dans la parabole de l’homme fort employée par Jésus aujourd’hui.

De la juste distance

L’épisode rapporté dans l’évangile de ce dimanche est bien complexe. Il met en scène plusieurs situations : l’assemblement d’une foule indénombrable, une controverse sur les miracles et l’identité de Jésus, celle-ci provocant un enseignement de Jésus sur le pouvoir du diable et le péché contre l’esprit, et, enfin une curieuse confrontation quelque peu déstabilisante de Jésus avec sa propre famille. La confusion que cette narration peut provoquer dans notre esprit est semblable à celle qui devait régner dans la foule qui suivait Jésus. Pourtant, il y a bien un fil rouge, certes ténu, qui parcourt cette péricope : elle nous invite à examiner nos positionnements dans nos relations : avec Jésus, envers le mal, avec nos frères et sœurs.

L’identité de Jésus

Les scribes, retors à l’enseignement de Jésus, l’accusent d’être possédé par Béelzéboul. On ne peut qu’imaginer le trouble semé dans les cœurs par ces rumeurs. Est-il de Dieu ? Est-il du diable ? Que penser ? Mais Jésus ne se laisse pas faire et reprend l’accusation au pied de la lettre : il est impossible qu’un démon chasse un autre démon. Les miracles attestent que c’est par le doigt de Dieu que les hommes sont libérés. On comprend le désarroi des foules dans la mesure où, nous-mêmes, nous ne faisons pas toujours bien la part des choses entre le bien et le mal. C’est pour cela que l’enseignement de Jésus vient percuter nos interrogations.

La ligature du diable

L’image de l’homme fort ligoté pendant le pillage de sa maison est déconcertante. Par habitude, nous voudrions comprendre cette image en nous plaçant du côté de la victime du cambriolage, mais ainsi, quel pourrait donc être l’enseignement de Jésus ? Longtemps j’ai buté sur cette étrange parabole, jusqu’à ce que je lise avec un groupe d’étudiants La cité de Dieu de saint Augustin, où l’évêque d’Hippone interprète ce passage dans une méditation sur le jugement dernier. L’homme fort c’est le diable que le Christ a ligoté par son mystère pascal. Le mal qui régnait sur le monde et avait asservi l’homme est attaché comme un chien dans sa niche et il ne peut mordre personne à part celui qui s’approche de trop près, par une témérité mortelle. Telle est la force du Christ, qui permet de piller et de récupérer ceux que le diable avait acquis par-devers lui, afin de les rendre dans la liberté l’Esprit au Père éternel.

La liberté de la parenté

S’il ne faut donc pas s’approcher trop près du diable, fût-il ligoté, alors il convient de s’approcher du Christ, notre libérateur. Voilà le sens de la fin de l’évangile : la vraie parenté de Jésus sont ceux qui proche e lui écoute sa parole pour faire la volonté du Père. Accueillons donc cette parole de vie qui sort de sa bouche pour nous tenir, dans une juste distance, à proximité de Dieu et loin du diable, dans l’amour de nos frères et au service du monde.

Ce commentaire de l’Écriture est paru dans la revue Magnificat de juin 2024.
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