Les richesses de la Parole de Dieu

Intro

La tentation lors de la lecture de la sainte Écriture est de vouloir tout avoir, tout comprendre, tout savoir… Saint Éphrem nous rappelle dans ce texte que les richesses de la Parole de Dieu sont inépuisables et que notre plus grande chance et notre plus grand bonheur est de pouvoir revenir y puiser la vie.

Sylvain Brison

Photo d’Arseny Togulev
sur Unsplash

Qui donc est capable de comprendre toute richesse d’une seule de tes paroles, Seigneur ? Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à une source. Les perspectives de ta parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient. Le seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et dans sa parole il a caché tous les trésors, pour que chacun de nous trouver une richesse dans ce qu’il médite.

La parole de Dieu est un arbre de vie qui, de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s’est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle. Selon l’Apôtre, ils ont mangé un aliment spirituel, ils ont bu à une source spirituelle.

Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu’Il y a seulement, dans la parole de Dieu, ce qu’il y trouve. Il doit comprendre au contraire qu’il a été capable de découvrir une seule chose parmi bien d’autres. Enrichi par la parole, il ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie ; incapable de l’épuiser, qu’il rende grâce pour sa richesse. Réjouis-toi parce que tu t’es rassasié, mais ne t’attriste pas de ce qui te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s’attriste pas de ne pouvoir épuiser la source. Que la source épuise ta soif, sans que ta soif épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire un nouveau, chaque fois que tu auras soif. Si au contraire, en te rassasiant, tu épuises la source, ta victoire deviendrait ton malheur.

Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n’as pas pu recevoir aussitôt, à cause de ta faiblesse, tu le recevras une autre fois, si tu persévères. N’aie donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d’un seul trait ce qui ne peut être pris en une seule fois ; et ne renonce pas par négligence, à ce que tu es capable d’absorber peu à peu.

Éphrem, Commentaire de l’Évangile concordant (Diatessaron), 1, 18-19
« Sources chrétiennes » 121, p. 52–53.

Né à Nisibe (Nesaybin actuellement en Turquie), saint Éphrem fut chassé de la maison par son père, païen intolérant, pour ses “fréquentations chrétiennes”. Accueilli par l’évêque du lieu dont il devint le fils spirituel, il se convertit au christianisme à l’âge de 18 ans. Ordonné diacre, il voulut le rester par humilité. Il fonda à Nisibe une école théologique de grand rayonnement. Mais à cause de l’invasion perse qui a envahi cette région, il préféra franchir la frontière et s’installer, avec son école, à Edesse dans l’empire romain. Il fut un grand défenseur de la doctrine christologique et trinitaire dans l’Eglise syrienne d’Antioche. Il composa de nombreux ouvrages, commenta toute la Bible, écrit des poèmes qui remplacèrent les chants des fêtes populaires et répondaient aux chansons des hérétiques qui répandaient ainsi leurs thèses erronées. Ses hymnes inaugurèrent la pratique du chant liturgique. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des plus grands poètes de langue syriaque. On appelait ce mystique: “la harpe du Saint-Esprit.”