Parole de Dieu pour un dimanche

13e dimanche du temps ordinaire
30 juin 2024

Gabriel Max,
La Résurrection de la fille de Jaïre
(1878)

Puissance de la foi

Ce n’est pas un récit, mais deux enchâssés l’un dans l’autre que nous fait entendre la proclamation de l’évangile aujourd’hui. L’enchevêtrement de la guérison de la femme aux pertes de sang dans celui de l’agonie de la fille de Jaïre impose de les comprendre ensemble. L’un et l’autre touchent à la question du mal qui nous frappe (la maladie et la mort), mais aussi à l’acte de foi au Christ qui permet à Dieu de déployer sa puissance salvifique au cœur de notre vie (guérison et relèvement). De nos jours, la mort et la maladie sont entourées de telles pudeurs que nous rechignons à les voir. Les débats sur la fin de vie qui agitent notre pays nous rappellent aussi que notre existence mortelle recèle plus d’un. Au cœur des polémiques, il est bon de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu qui révèle sa puissance vivifiante au cœur de nos souffrances.

La foi, gentleman cambrioleur ?

Si l’évangile débute par l’empressement à faire venir Jésus au chevet de la jeune fille malade, c’est bien la guérison de la femme aux pertes de sang qui retarde Jésus et le fera arriver « trop tard ». Puisque la malade est à toute extrémité, pourquoi donc s’arrête-t-il ? Pourquoi perdre du temps à chercher qui l’a touché au milieu d’une foule qui le presse et le bouscule de toute part ? La question elle-même est incongrue, les disciples l’attestent : comment savoir qui t’a touché puisque tout le monde te touche ? Le Seigneur indique par-là que c’est la foi de cette femme l’a réellement touché, au point qu’une force est sortie de lui. Grandeur de la foi de cette femme qui va jusqu’à voler au Seigneur sa guérison ! Elle dérobe non seulement la santé, mais aussi la justice, car celle qui était impure retrouve sa place dans le peuple assemblé.

Croire contre toute attente

C’est encore la question de la foi qui irrigue la suite du récit. Le retard a été trop grand, la jeune fille est morte, à quoi bon donc déranger le maître ? Ici, de nouveau, la puissance de Dieu fait toute chose nouvelle ; dépassant l’endormissement dans la mort le Seigneur convoque la foi de ses proches : « Ne crains pas, crois seulement ». Dans l’intimité de la chambre et des amis proches, Jésus saisit la main de l’enfant et l’appelle à la vie. Grégoire de Nysse nous le redit avec force : « Il s’est approché de la mort jusqu’à prendre contact avec notre état de cadavre et fournir à notre nature le principe de la résurrection ». Par-delà le risque de se rendre impur en touchant un mort, le Christ dérobe à la mort la vie de cette jeune fille qui retrouve sa place dans sa famille. Les deux femmes de l’évangile nous offrent ainsi un témoignage saisissant sur la puissance de Dieu qui nous donne de déployer sa vie en nous. Dans notre monde où la souffrance de la maladie et de la mort semble régner sur nous, la puissance de vie du Christ nous saisit pour nous guérir et nous sauver.

Ce commentaire de l’Écriture est paru dans la revue Magnificat de juin 2024.
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