Les trois venues du Christ

Intro

Dans le cinquième sermon pour le temps de l’Avent, Bernard de Clervaux nous entraine dans une méditation sur le troisième avènement du Christ. Le premier avènement a eu lieu dans la chair à l’incarnation ; le dernier aura lieu dans la gloire à la fin des temps. Il s’agit ici de la venue intermédiaire du Christ dans le temps du monde, venue spirituelle et intime par la force de la Parole et du sacrement. En voici un extrait.

Sylvain Brison

Nativité 1
Kim En Joong, o.p.

Nous savons qu’il y a une triple venue du Seigneur. […] La troisième se situe entre les deux autres. […] Celles-ci, en effet, sont manifestes, celle-là, non. Dans sa première venue, il a paru sur la terre et il a vécu avec les hommes, lorsque — comme lui-même en témoigne — ils l’ont vu et l’ont pris en haine. Mais lors de sa dernière venue, toute chair verra le salut de notre Dieu et ils regarderont vers celui qu’ils ont transpercé. La venue intermédiaire, elle, est cachée : les élus seuls la voient au fond d’eux-mêmes, et leur âme est sauvée. Ainsi il est venu d’abord dans la chair et la faiblesse ; puis, dans l’entre-deux, il vient en esprit et en puissance ; enfin il viendra dans la gloire et la majesté. […] Cette venue intermédiaire est vraiment comme la voie par laquelle on passe de la première à la dernière : dans la première le Christ fut notre rédemption, dans la dernière il apparaîtra comme notre vie, et entre temps il est notre repos et notre consolation.

Mais pour que personne ne risque de penser que ce que nous disons de cette venue intermédiaire est une invention de notre part, écoutez ce que dit le Seigneur lui-même : Si quelqu’un m’aime, il gardera mes paroles, et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui. Ailleurs j’ai lu en effet : Qui craint Dieu fera le bien. Mais je perçois qu’ici Jésus exprime quelque chose de plus en disant de celui qui l’aime : il gardera mes paroles. Mais où les gardera-t-il ? — Dans son cœur, sans aucun doute. Comme le dit le prophète : Dans mon cœur je conserve tes ordres pour ne point faillir envers toi. […]

Voici comment il te faut garder la parole de Dieu : Heureux, en effet, ceux qui la gardent. Qu’on la fasse donc entrer dans ce qu’on peut appeler les entrailles de l’âme ; qu’elle passe dans les mouvements de ton cœur et dans ta conduite. Consomme ce qui est bien, et ton âme y trouvera avec joie de quoi s’y nourrir largement. N’oublie pas de manger ton pain pour ne pas laisser ton cœur se dessécher ; de bonne et grasse nourriture rassasie ton âme.

Si de la sorte tu t’es mis à garder en toi la parole de Dieu, nul doute qu’elle ne te garde aussi. Le Fils viendra à toi, avec le Père ; il viendra, le grand prophète, qui rétablira Jérusalem ; c’est lui qui fait toutes choses nouvelles. Voici en effet ce qu’accomplira sa venue : alors, de même que nous sommes à l’image de l’homme pétri de terre, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. Comme le vieil Adam s’est répandu à travers l’homme tout entier et y a pris toute la place, de la même manière il faut que le Christ occupe toute la place, lui qui a créé l’homme dans sa totalité, qui le rachète intégralement et le glorifie dans son entier.

Saint Bernard de Clervaux
Sermons pour l’année
Cinquième sermon pour l’avent

Bernard naît en 1090. Il entre en 1111 au monastère de Cîteaux. En 1114, ses supérieurs lui confient la fondation d’une nouvelle abbaye, celle de Clairvaux, qu’il va gouverner jusqu’à sa mort. Il restaure l’unité de l’Église et est le médiateur entre la Papauté et l’Empire. Il contribue à l’extension de l’ordre cistercien par la construction de nombreuses abbayes filles de Clairvaux. A sa mort en 1153, le monastère compte 700 moines, et 160 filles relèvent de Clairvaux. Il est canonisé le 18 janvier 1174.

Autres billets sur l’auteur

2021-02-03T06:50:03+00:002 décembre 2020|Besace, Réflexions|0 commentaire

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Aller en haut