Autorité

Retraite pré-synodale 2024

Avant le début de la première session du Synode des Évêques sur la Synodalité, les membres de l’assemblée synodale ont vécu une retraite de tous jours (1-3 octobre 2023) prêchée par le Frère Thimothy Radcliffe o.p.

Ces médiations, données en anglais, ont été relayées par le site Vatican News. J’en propose ici une traduction personnelle et provisoire en Français. Produites au fur et à mesure de la parution des méditations, ces traductions comportent encore quelques lourdeurs stylistiques, mais se veulent proches de l’oralité inhérente à l’exercice.

Sylvain Brison

Mardi 3 octobre 2023
cinquième méditation

Version anglaise

Autorité

Timothy Radcliffe, o. p.

Il ne peut y avoir de conversation fructueuse entre nous que si nous reconnaissons que chacun d’entre nous parle avec autorité. Nous sommes tous baptisés dans le Christ : prêtre, prophète et roi. La Commission théologique internationale, dans le document sur le sensus fidei, cite saint Jean : « Quant à vous, c’est de celui qui est saint que vous tenez l’onction, et vous avez tous la connaissance. […] Quant à vous, l’onction que vous avez reçue [du Christ] demeure en vous, et vous n’avez pas besoin d’enseignement. Cette onction vous enseigne toutes choses. » (1 Jn 2, 20.27).

Au cours de la préparation de ce Synode, de nombreux laïcs ont été étonnés de constater qu’on les écoutait pour la première fois. Ils ont douté de leur propre autorité et se sont demandé : « Puis-je vraiment offrir quelque chose ? » (Instrumentum Laboris B.2.53). Mais les laïcs ne sont pas les seuls à manquer d’autorité. L’Église entière est affligée par une crise d’autorité. Un archevêque asiatique se plaignait de ne pas avoir d’autorité. Il a déclaré : « Les prêtres sont tous des barons indépendants qui ne tiennent aucun compte de moi ». De nombreux prêtres affirment eux aussi avoir perdu toute autorité. La crise des abus sexuels nous a discrédités.

Le monde entier souffre d’une crise d’autorité. Toutes les institutions ont perdu leur autorité. Les politiciens, la loi, la presse ont tous senti l’autorité s’évaporer. L’autorité semble toujours appartenir à d’autres personnes : soit aux dictateurs qui prennent le pouvoir dans de nombreux endroits, soit aux nouveaux médias, soit aux célébrités et aux influenceurs. Le monde a faim de voix qui parlent avec autorité du sens de nos vies. Des voix dangereuses menacent de combler ce vide. C’est un monde alimenté non pas par l’autorité, mais par des contrats – même dans la famille, l’université et l’Église.

Alors, comment l’Église peut-elle retrouver son autorité et parler à notre monde qui a soif de voix qui sonnent vrai ? Luc nous dit que lorsque Jésus enseignait, « on était frappé par son enseignement, car sa parole était pleine d’autorité » (Luc 4, 32). Il commande aux démons et ils lui obéissent. Même le vent et la mer lui obéissent. Il a même l’autorité de rappeler son ami mort à la vie : « Lazare, viens dehors ! » (Jean 11, 43). Même les derniers mots de l’évangile de Matthieu l’affirment : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre ».

Mais, à mi-parcours des évangiles synoptiques, à Césarée de Philippe, il y a une crise massive d’autorité, qui fait que notre crise contemporaine n’a l’air de rien ! Jésus dit à ses amis les plus proches qu’il doit aller à Jérusalem où il souffrira, mourra et ressuscitera. Ils n’acceptent pas sa parole. Alors il les emmène sur la montagne et se transfigure à leurs yeux.

Son autorité se révèle à travers le prisme de sa gloire et le témoignage de Moïse et d’Elie. C’est une autorité qui touche leurs oreilles et leurs yeux, leurs cœurs et leurs esprits : elle touche leur imagination ! Ils l’écoutent enfin !

Pierre est rempli de joie : « Il est bon que nous soyons ici ». Comme l’a dit Teilhard de Chardin, la joie est le signe infaillible de la présence de Dieu. C’est la joie dont Sœur Maria Ignazia a parlé ce matin, la joie de Marie. Sans la joie, aucun de nous n’a la moindre autorité. Personne ne croit un chrétien malheureux ! Dans la Transfiguration, cette joie jaillit de trois sources : la beauté, la bonté et la vérité. On pourrait citer d’autres formes d’autorité. Dans l’Instrumentum Laboris, l’autorité des pauvres est soulignée. Il y a aussi l’autorité de la tradition et de la hiérarchie, avec son ministère d’unité.

Ce que je voudrais suggérer ce matin, c’est que l’autorité est multiple et se renforce mutuellement. Il ne doit pas y avoir de concurrence, comme si les laïcs ne pouvaient avoir plus d’autorité que si les évêques en avaient moins, ou comme si les soi-disant conservateurs étaient en concurrence avec les progressistes pour l’autorité. Nous pourrions être tentés d’appeler le feu sur ceux que nous considérons comme opposés à nous, comme les disciples de l’évangile d’aujourd’hui (Luc 9, 51-56). Mais, dans la Trinité, il n’y a pas de rivalité. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne se disputent pas le pouvoir, tout comme il n’y a pas de concurrence entre nos quatre évangiles.

Nous parlerons avec autorité à notre monde perdu si, dans ce Synode, nous transcendons les modes d’existence compétitifs. Le monde reconnaîtra alors la voix du berger qui les appelle à la vie. Regardons cette scène sur la montagne et voyons l’interaction des différentes formes d’autorité.

Beauté

Tout d’abord, il y a la beauté ou la gloire. Les deux sont pratiquement synonymes en hébreu. L’évêque Robert Barron a dit quelque part – et pardonnez-moi, Mgr Bob, si je vous cite mal – que la beauté peut atteindre des personnes qui rejettent d’autres formes d’autorité. Une vision morale peut être perçue comme moralisatrice : Comment osez-vous me dire comment vivre ma vie ? L’autorité de la doctrine peut être rejetée comme oppressive. Comment osez-vous me dire ce que je dois penser ? Mais la beauté possède une autorité qui touche à notre liberté intime.

La beauté ouvre notre imagination à la transcendance, à la patrie à laquelle nous aspirons. Le poète jésuite Gerard Manley Hopkins appelle Dieu « le soi de la beauté et le donateur de la beauté[28] » et l’Aquinate dit qu’il révèle la finalité de notre vie, comme la cible que vise l’archer[29].

Il n’est pas étonnant que Pierre ne sache pas quoi dire. La beauté nous transporte au-delà des mots. On a prétendu que chaque adolescent avait fait l’expérience de la beauté transcendante. S’ils n’ont pas de guides, comme les disciples avaient Moïse et Élie, le moment passe. Lorsque j’étais un garçon de seize ans dans une école bénédictine, j’ai vécu un tel moment dans la grande église abbatiale, et j’avais des moines sages pour m’aider à comprendre.

Mais toute beauté ne parle pas de Dieu. Les dirigeants nazis aimaient la musique classique. Le jour de la fête de la Transfiguration, une bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, dans une hideuse parodie de la lumière divine. La beauté peut aussi tromper et séduire. Jésus a dit : « Malheureux êtes-vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez à des sépulcres blanchis à la chaux : à l’extérieur ils ont une belle apparence, mais l’intérieur est rempli d’ossements et de toutes sortes de choses impures » (Mt 23, 27).

Mais, sur la montagne, la beauté divine brillera à l’extérieur de la ville sainte lorsque la gloire du Seigneur sera révélée sur la croix. C’est dans ce qui semble le plus laid que la beauté de Dieu se révèle avec le plus d’éclat. Il faut aller dans les lieux de souffrance pour entrevoir la beauté de Dieu.

Etty Hillesum, mystique juive attirée par le christianisme, l’a trouvée même dans un camp de concentration nazi : « Je veux être là, au cœur de ce que les gens appellent “l’horreur”, et pouvoir encore dire : “La vie est belle”[30] ». Chaque renouveau de l’Église s’est accompagné d’un renouveau esthétique : iconographie orthodoxe, chant grégorien, baroque de la Contre-Réforme (ce n’est pas ce que je préfère !). La Réforme était en partie un choc de visions esthétiques. De quel renouveau esthétique avons-nous besoin aujourd’hui pour entrevoir la transcendance, en particulier dans les lieux de désolation et de souffrance ? Comment pouvons-nous révéler la beauté de la croix ?

Lorsque les dominicains sont arrivés au Guatemala au xvie siècle, la beauté leur a ouvert la voie pour partager l’Évangile avec les indigènes. Ils ont refusé la protection des conquistadors espagnols. Les frères ont enseigné aux marchands autochtones locaux des chants chrétiens, qu’ils reprenaient lorsqu’ils voyageaient dans les montagnes pour vendre leurs marchandises. Cela ouvrit la voie aux frères qui purent alors monter en toute sécurité dans la région encore connue sous le nom de Vera Paz, la vraie paix. Mais finalement, les soldats sont arrivés et ont tué non seulement les indigènes, mais aussi nos frères qui essayaient de les protéger.

Quels chants peuvent entrer dans le nouveau continent des jeunes ? Qui sont nos musiciens et nos poètes ? La beauté ouvre donc l’imagination à la fin ineffable du voyage. Mais nous pouvons être tentés, comme Pierre, d’en rester là. D’autres types d’engagement imaginatif sont nécessaires pour nous faire descendre de la montagne pour le premier synode sur le chemin de Jérusalem. Les disciples se voient proposer deux interprètes de ce qu’ils voient : Moïse et Elie ; la Loi et les Prophètes ; ou la Bonté et la Vérité.

Bonté

Moïse a conduit Israël de l’esclavage à la liberté. Les Israélites ne voulaient pas partir. Ils avaient faim de la sécurité de l’Égypte. Ils craignaient la liberté du désert, tout comme les disciples craignaient de faire le voyage vers Jérusalem. Dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski, le Grand Inquisiteur affirme que « rien n’a jamais été plus insupportable à l’humanité et à la société que la liberté… À la fin, ils déposeront leur liberté à nos pieds et nous diront : “Mieux vaut que vous nous asservissiez, mais que vous nous nourrissiez” ».

Les saints ont l’autorité du courage. Ils nous mettent au défi de prendre la route. Ils nous invitent à les accompagner dans l’aventure risquée de la sainteté. Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix est née dans une famille juive pratiquante, mais était devenue athée à l’adolescence. Mais lorsqu’elle trouva par hasard l’autobiographie de sainte Thérèse d’Avila, elle la lut toute la nuit durant. Elle raconte : « Lorsque j’ai terminé le livre, je me suis dit : “C’est la vérité” ». Cela l’a conduite à la mort à Auschwitz. Telle est l’autorité de la sainteté. Elle nous invite à délaisser le contrôle de nos vies et à laisser Dieu être Dieu.

Le livre le plus populaire du vingtième siècle fut Le Seigneur des anneaux de J. R. R. Tolkien. Il s’agit d’un roman profondément catholique. Il affirmait qu’il s’agissait de la romance de l’eucharistie. Les martyrs ont été les premières autorités de l’Église, parce qu’ils ont audacieusement tout donné. G. K. Chesterton a déclaré : « Le courage est presque une contradiction dans les termes. Il signifie un fort désir de vivre qui prend la forme d’une volonté de mourir[31] ». Avons-nous peur de présenter le défi dangereux de notre foi ? Herbert McCabe a dit : « Si vous aimez, vous serez blessé, peut-être tué. Si vous n’aimez pas, vous êtes déjà mort. » Les jeunes ne seront pas attirés par notre foi si nous la domestiquons.

L’amour parfait chasse la crainte (1 Jn 4, 18). Frère Michael Anthony Perry, ancien ministre général des franciscains, a dit : « Par le baptême, nous avons renoncé au droit d’avoir peur[32] ». Je dirais que nous avons renoncé au droit d’être esclaves de la peur. Le courageux connaît la peur. Nous n’aurons d’autorité dans notre monde de peurs que si nous sommes perçus comme risquant tout. Lorsque nos frères et sœurs européens sont partis prêcher l’Évangile en Asie il y a 400 ans, la moitié d’entre eux sont morts avant d’arriver, de maladie, de naufrage ou de piraterie. Aurons-nous leur courage fou ?

Henri Burin de Roziers (1930-2017) était un avocat dominicain français établi en Amazonie brésilienne. Il a attaqué en justice les grands propriétaires terriens qui réduisent souvent les pauvres en esclavage, les forçant à travailler sur leurs vastes domaines et les tuant s’ils tentent de s’échapper. Henri a reçu d’innombrables menaces de mort. On lui a offert la protection de la police, mais il savait que ce serait elle qui probablement le tuerait. Lorsque j’ai séjourné chez lui, il m’a offert sa chambre pour la nuit. Le lendemain, il m’a dit qu’il n’avait pu dormir en pensant au cas où ils seraient venus pour lui et m’auraient accidentellement attrapé !

L’autorité de la beauté parle donc de la fin du voyage, de la patrie que nous n’avons jamais vue. L’autorité de la sainteté parle du voyage à faire pour y arriver. C’est l’autorité de ceux qui donnent leur vie. Le poète irlandais Pádraig Pearse a proclamé : « J’ai gaspillé les années splendides que le Seigneur Dieu a données à ma jeunesse – en tentant des choses impossibles, estimant qu’elles seules valaient le labeur. Seigneur, si j’avais les années, je les gaspillerais à nouveau. Je les rejette loin de moi[33] ».

Vérité

Et puis il y a Elie. Les prophètes sont les diseurs de vérité. Il a vu clair à travers les fantaisies des prophètes de Baal et a entendu la douce voix tranquille du silence sur la montagne. Veritas, la vérité, est la devise de l’Ordre dominicain. Elle m’a attiré vers eux avant même que je n’en rencontre un, ce qui était peut-être providentiel !

Notre monde a perdu l’amour de la vérité : fausses nouvelles, affirmations sauvages sur Internet, folles théories du complot. Pourtant, l’humanité est animée d’un instinct inébranlable pour la vérité, et lorsqu’elle est dite, elle possède les derniers vestiges de l’autorité. L’Instrumentum Laboris ne craint pas de dire la vérité sur les défis que nous devons relever. Il parle ouvertement des espoirs et des tristesses, de la colère et de la joie du peuple de Dieu. Comment pouvons-nous attirer les gens vers Celui qui est la Vérité si nous ne sommes pas honnêtes avec nous-mêmes ?

Permettez-moi de mentionner deux façons par lesquelles cette tradition prophétique de dire la vérité est rendue nécessaire. Tout d’abord, en parlant avec vérité des joies et des souffrances du monde. À Hispaniola, Bartolome de Las Casas menait une vie médiocre lorsqu’il lut le sermon prêché par le dominicain Antonio de Montesinos au cours de l’Avent 1511, confrontant les conquistadors à l’esclavage des peuples indigènes : « Dites-moi, par quel droit ou par quelle interprétation de la justice maintenez-vous ces Indiens dans une servitude si cruelle et si horrible ? Par quelle autorité avez-vous mené des guerres aussi détestables contre des gens qui vivaient autrefois si tranquillement et si paisiblement sur leur propre terre ? » Las Casas lut cela, sut que c’était vrai et se repentit. Au cours de ce Synode, nous écouterons donc des personnes qui parleront en toute vérité « des joies et des espoirs, des tristesses et des angoisses des hommes de notre temps » (Gaudium et Spes 1).

Pour la vérité, nous avons également besoin d’une recherche disciplinée qui résiste à la tentation d’utiliser la Parole de Dieu et les enseignements de l’Église à nos propres fins : « Dieu doit avoir raison parce qu’il est d’accord avec moi ». Les spécialistes de la Bible, par exemple, nous ramènent aux textes originaux dans leur étrangeté et leur altérité. Lorsque j’étais à l’hôpital, un infirmier m’a dit qu’il aurait aimé connaître le latin pour pouvoir lire la Bible dans sa langue originale. Je n’ai rien dit ! Les vrais érudits s’opposent à toute tentative simpliste d’enrôler les Écritures ou la tradition dans nos guerres personnelles. La parole de Dieu appartient à Dieu. Écoutez-le. La vérité ne nous appartient pas. C’est la vérité qui nous possède.

Tout amour nous ouvre à la vérité de l’autre. Nous découvrons qu’il reste en quelque sorte inconnaissable. Nous ne pouvons pas nous l’approprier et l’utiliser à nos fins. Nous l’aimons dans son altérité, dans sa liberté incontrôlable.

Ainsi, sur la montagne de la Transfiguration, nous voyons que différentes formes d’autorité sont invoquées pour conduire les disciples au-delà de la grande crise d’autorité de Césarée de Philippe. Toutes ces formes et d’autres encore sont nécessaires. Sans la vérité, la beauté peut être vide. Comme quelqu’un l’a dit, « la beauté est à la vérité ce que le goût est à la nourriture ». Sans bonté, la beauté peut tromper. La bonté sans la vérité s’effondre dans la sentimentalité. La vérité sans bonté mène à l’Inquisition. Saint John Henry Newman a magnifiquement parlé des multiples formes d’autorité, de la gouvernance, de la raison et de l’expérience.

Nous avons tous de l’autorité, mais différemment. Newman a écrit que si l’autorité du gouvernement devient absolue, elle sera tyrannique. Si la raison devient la seule autorité, nous tombons dans un rationalisme aride. Si l’expérience religieuse est la seule autorité, la superstition l’emportera. Un synode est comme un orchestre, où les différents instruments ont leur propre musique. C’est pourquoi la tradition jésuite du discernement est si fructueuse. La vérité n’est pas atteinte par un vote majoritaire, pas plus qu’un orchestre ou une équipe de football ne sont dirigés par un vote !

L’autorité du leadership consiste certainement à s’assurer que la conversation de l’Église est fructueuse, qu’aucune voix ne domine et n’étouffe les autres. Elle discerne l’harmonie cachée. Jonathan Sacks, grand rabbin de Grande-Bretagne, écrit : « En ces temps troublés, la tentation de la confrontation est presque irrésistible pour les responsables religieux. Non seulement la vérité doit être proclamée, mais le mensonge doit être dénoncé. Les choix doivent être présentés comme des divisions brutales. Ne pas condamner, c’est approuver ». Mais, affirme-t-il, « un prophète n’entend pas un seul mais deux impératifs : l’orientation et la compassion, l’amour de la vérité et une solidarité sans faille avec ceux pour qui cette vérité s’est éclipsée. Préserver la tradition et en même temps défendre ceux que d’autres condamnent, telle est la tâche difficile et nécessaire de l’autorité religieuse à une époque sans religion[34] ».

Tout pouvoir vient de notre Dieu Trinité, celui en qui tout est partagé. Le théologien italien Leonardo Paris affirme : « Le Père partage son pouvoir. Avec tous. Et il configure tout le pouvoir comme étant partagé…. Il n’est plus possible de citer Paul – “Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car tous vous êtes un dans le Christ Jésus” (Ga 3,28) – et de faire appel à la synodalité sans reconnaître qu’il s’agit de trouver des formes historiques concrètes pour que chacun soit reconnu comme ayant le pouvoir que le Père a voulu lui confier[35] ».

Si l’Église devient vraiment une communauté de responsabilisation mutuelle, nous parlerons avec l’autorité du Seigneur. Devenir une telle Église sera douloureux et beau. C’est ce que nous verrons dans la dernière conférence.


[28] The Golden Echo

[29] Somme théologique IIIa, q. 45.

[30] An Interrupted Life: The Diaries and Letters of Etty Hillesum 1941-43, Persephone Books, London, 2007, p. 276.

[31] Orthodoxy, London, 1996, p.134

[32] Benotti, p. 66.

[33] Cité dans Cardinal Murphy-O’Connor, « Fiftieth Anniversary of Priesthood », dans Daniel P. Cronin, Priesthood: A Life Open to Christ, St Pauls Publishing, London, 2009, p. 134.

[34] « Elijah and the Still, Small Voice »,

2023-10-04T19:14:26+00:003 octobre 2023|Besace|0 commentaire

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