Avant le début de la première session du Synode des Évêques sur la Synodalité, les membres de l’assemblée synodale ont vécu une retraite de tous jours (1-3 octobre 2023) prêchée par le Frère Thimothy Radcliffe o.p.
Ces médiations, données en anglais, ont été relayées par le site Vatican News. J’en propose ici une traduction personnelle et provisoire en Français. Produites au fur et à mesure de la parution des méditations, ces traductions comportent encore quelques lourdeurs stylistiques, mais se veulent proches de l’oralité inhérente à l’exercice.
Sylvain Brison
Mardi 3 octobre 2023
Sixième méditation
L’Esprit de vérité
Timothy Radcliffe, o. p.
Les disciples voient la gloire du Seigneur et le témoignage de Moïse et d’Elie. Ils osent maintenant descendre de la montagne et marcher jusqu’à Jérusalem. Dans l’évangile d’aujourd’hui (Lc 9, 51-56), nous les voyons en chemin. Ils rencontrent les Samaritains qui s’opposent à eux parce qu’ils vont à Jérusalem. La réaction immédiate des disciples est d’appeler le feu du ciel pour les détruire. Ils viennent de voir Élie et c’est bien ce que ce dernier a fait aux prophètes de Baal ! Mais le Seigneur les réprimande. Ils n’ont toujours pas compris le chemin sur lequel le Seigneur les conduit.
Au cours des trois prochaines semaines, nous pourrions être tentés d’appeler le feu du ciel sur ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord ! Notre société est remplie d’une rage brûlante. Le Seigneur nous invite à bannir ces pulsions destructrices de notre réunion.
Cette rage omniprésente naît de la peur, mais nous ne devons pas avoir peur. Le Seigneur a promis le Saint-Esprit qui nous guidera vers la vérité tout entière. La nuit précédant sa mort, Jésus a dit : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître » (Jn 16, 12-13).
Quels que soient les conflits que nous rencontrons sur le chemin, nous sommes sûrs de ceci : l’Esprit de vérité nous conduit dans la vérité tout entière. Mais ce ne sera pas facile. Jésus avertit les disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter maintenant ». Pierre, à Césarée de Philippe, n’a pas supporté d’entendre que Jésus devait souffrir et mourir. En cette dernière soirée avant la mort de Jésus, Pierre ne pouvait pas supporter la vérité qu’il allait renier Jésus. Être conduit à la vérité signifie entendre des choses qui ne sont pas agréables.
Quelles sont les vérités que nous avons du mal à affronter aujourd’hui ? Il a été profondément douloureux de faire face à l’ampleur des abus sexuels et de la corruption dans l’Église. Cela ressemble à un cauchemar dont on espère se réveiller. Mais si nous osons affronter cette vérité honteuse, la vérité nous rendra libres. Jésus promet que « vous allez pleurer et vous lamenter, tandis que le monde se réjouira ; vous serez dans la peine, mais votre peine se changera en joie » (v. 20) ; comme les douleurs du travail d’une femme qui accouche. Ces journées du Synode seront parfois douloureuses, mais si nous nous laissons guider par l’Esprit, ce seront les douleurs de l’accouchement d’une Église renaissante.
C’est notre témoignage auprès d’une société qui, elle aussi, fuit la vérité. Le poète T. S. Eliot a dit : « L’humanité ne peut pas supporter beaucoup de réalité[36] ». Nous nous dirigeons vers une catastrophe écologique, mais nos dirigeants politiques font le plus souvent comme si de rien n’était. Notre monde est crucifié par la pauvreté et la violence, mais les pays riches ne veulent pas voir les millions de nos frères et sœurs qui souffrent et cherchent un toit.
La société occidentale a peur d’affronter la vérité : nous sommes des êtres mortels vulnérables, des hommes et des femmes en chair et en os. Nous fuyons la vérité de notre existence corporelle, en prétendant que nous pouvons nous identifier comme nous le souhaitons, comme si nous n’étions que des esprits. La Cancellation Culture signifie que les personnes avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord doivent être réduites au silence, sans aucune forme de procès, tout comme les disciples souhaitaient appeler le feu sur les Samaritains qui n’avaient pas accueilli Jésus. Quelles sont les vérités douloureuses que nos frères et sœurs des autres continents craignent d’affronter ? Ce n’est pas à moi de le dire.
Si nous osons dire la vérité sur ce que nous sommes, des êtres humains mortels et vulnérables, frères et sœurs d’une Église qui a toujours été héroïque et corrompue, nous parlerons avec autorité à un monde qui a toujours soif de vérité, même s’il craint qu’elle soit inaccessible. Cela demande du courage, qui était, pour l’Aquinate, la fortitudo mentiis, la force de l’esprit de voir les choses telles qu’elles sont, de vivre dans le monde réel. La poétesse Maya Angelou a dit : « Le courage est la plus importante de toutes les vertus, car sans courage, on ne peut pratiquer aucune autre vertu de manière cohérente[37] ».
Lorsque saint Oscar Romero retourna au Salvador, un fonctionnaire de l’immigration lui dit : « La vérité est là ! ». Il fut sincère face à la mort. Assis sur un banc, il demanda à un ami s’il avait peur de mourir. L’ami lui répondit non. Romero reprit : « Mais j’ai peur, j’ai peur de mourir ». C’est cette vérité qui a rendu son martyre si beau. Dès qu’il vit le corps mutilé de son ami, le jésuite Rutilio, il sut ce qui l’attendait. Lorsqu’il fut martyrisé, on trouva son corps couvert de sueur. Il semble qu’il ait vu l’homme qui s’apprêtait à le tuer et qu’il ne se soit pas enfui.
En cette dernière nuit, Jésus avertit ses disciples que s’ils lui appartiennent, lui la vraie vigne, ils seront taillés pour porter plus de fruits. Au cours de ce synode, nous pouvons avoir l’impression d’être émondés ! C’est pour que nous portions plus de fruits. Cela peut signifier que nous sommes entaillés des illusions et des préjugés que nous avons les uns sur les autres, émondés de nos peurs et de nos idéologies étroites. Élagués de notre orgueil.
L’un de mes jeunes frères m’a encouragé à parler personnellement à présent, bien que j’hésite à le faire. Il y a quelques années, j’ai subi une opération massive pour un cancer de la mâchoire. L’opération a duré dix-sept heures. Je suis resté à l’hôpital pendant cinq semaines, incapable de manger ou de boire. Bien souvent, je ne savais plus où j’étais, ni qui j’étais. J’ai été dépouillé de ma dignité et complètement dépendant d’autres personnes pour mes besoins les plus élémentaires. Ce fut un terrible élagage. Mais ce fut aussi une bénédiction. Dans ce moment d’impuissance, je ne pouvais prétendre à aucune importance, à aucune réussite. Je n’étais qu’un malade de plus dans un lit d’hôpital, sans rien avoir à donner. Je ne pouvais même pas prier. C’est alors que mes yeux se sont ouverts un peu plus sur l’amour totalement gratuit et non mérité du Seigneur. Je ne pouvais rien faire pour le mériter et c’était merveilleux de ne pas avoir à le faire.
L’Esprit est en chacun de nous, nous conduisant ensemble vers la vérité tout entière. J’ai été ordonné par le grand évêque Mgr Butler, la seule personne au Concile Vatican II qui parlait parfaitement le latin cicéronien ! Il aimait dire : « Ne craignons pas que la vérité puisse mettre en danger la vérité[38] ». Si ce que dit l’autre est vrai, cela ne peut pas menacer la vérité que je chéris. Je dois ouvrir mon cœur et mon esprit à l’espace de la vérité divine. Si je crois que ce que l’autre dit n’est pas vrai, je dois bien sûr le dire, avec l’humilité qui s’impose. En allemand, il y a le joli mot zwischenraum. Si je le comprends bien, cela signifie que la plénitude de la vérité se trouve dans l’espace entre nous lorsque nous parlons. Le mystère de Dieu se révèle toujours dans des espaces vides, depuis cet espace vide laissé entre les ailes des chérubins sur l’arche de l’alliance jusqu’au tombeau vide.
Le choc de vérités apparemment incompatibles peut être douloureux et susciter de la colère. Pensez au récit que fait saint Paul de son conflit avec saint Pierre à Antioche, tel qu’il est raconté dans la lettre aux Galates : « Mais quand Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé à lui ouvertement, parce qu’il était dans son tort » (Ga 2, 11). Mais ils se sont donné la main de la fraternité, et le Saint-Siège les considère tous deux comme ses fondateurs ! Ils ont été unis dans la mort en tant que martyrs.
Nous devons chercher à dire la vérité de manière à ce que l’autre personne puisse l’entendre sans se sentir démolie. Pensez à la rencontre de Pierre avec Jésus sur le rivage, au chapitre 21 de l’évangile selon saint Jean. Le dernier soir avant la mort de Jésus, Pierre s’était enorgueilli d’aimer le Seigneur plus que tous les autres. Mais peu après, il renia le Seigneur trois fois ; ce fut le moment le plus honteux de sa vie. Sur les bords du lac, Jésus ne l’accable pas d’échecs. Il lui demande gentiment, peut-être avec un sourire, à trois reprises : « M’aimes-tu plus que les autres ? » Avec une infinie douceur, il aide Pierre, à trois reprises, à revenir sur son triple reniement. Il le met au défi de faire face à la vérité avec toute la tendresse de l’amour. Pouvons-nous nous défier les uns les autres avec une vérité aussi douce ?
La poétesse américaine Emily Dickinson donne un bon conseil :
Dites toute la vérité, mais dites-la de travers – Le succès dans le circuit des mensonges[39].
Pardonnez-moi de citer de la poésie. Elle peut être si difficile à traduire. Ce qu’elle veut dire, c’est que parfois la vérité est dite avec plus de force lorsqu’elle est dite indirectement, de manière à ce que l’autre puisse l’entendre. Si vous dites à quelqu’un qu’il est un dinosaure patriarcal, il ne sera probablement pas beaucoup aidé ! Bien sûr, ce sera parfois douloureux. Mais le pape François a dit : « Dites la vérité même si elle est inconfortable[40] ».
Cela exigera de nous tous une certaine perte de contrôle. Jésus dit à Pierre : « Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. Jésus disait cela pour signifier par quel genre de mort Pierre rendrait gloire à Dieu. » (Jn 21, 18-19).
Si le Synode procède de la dynamique de la prière plutôt que de celle d’un parlement, il nous demandera à tous de lâcher prise, et même de mourir. Laisser Dieu être Dieu. Dans Evangelii gaudium, le Saint-Père écrit : « il n’y a pas de plus grande liberté que de se laisser guider par l’Esprit, en renonçant à vouloir calculer et contrôler tout, et de permettre à l’Esprit de nous éclairer, de nous guider, de nous orienter, et de nous conduire là où il veut » (EG 280). Abandonner tout contrôle, ce n’est pas ne rien faire ! Précisément, parce que l’Église a tellement été une structure de contrôle, des interventions fortes sont parfois nécessaires pour permettre à l’Esprit Saint de nous emmener là où nous n’aurions jamais pensé aller.
Nous avons un profond instinct pour nous accrocher au contrôle, c’est pourquoi le Synode est redouté par beaucoup. À la Pentecôte, l’Esprit Saint est puissamment venu sur les disciples qui ont été envoyés jusqu’aux extrémités de la terre. Mais au lieu de cela, les apôtres se sont installés à Jérusalem et n’ont pas voulu partir. Il a fallu la persécution pour les faire sortir du nid et les envoyer loin de Jérusalem ! Quel amour vache ! Au-dessus de mon bureau à Sainte-Sabine, chaque année, des faucons crécerellettes construisent leur nid. Le moment est venu pour les parents de chasser les jeunes du nid à coups de pied, afin qu’ils s’envolent ou qu’ils périssent. Assis à mon bureau, je les voyais lutter pour rester dans les airs ! Le Saint-Esprit nous fait parfois sortir du nid et nous demande de voler ! Nous battons de l’aile, paniqués, mais nous volerons !
À Gethsémani, Jésus abandonne le contrôle de sa vie et la confie au Père. « Non pas comme je veux ! » Lorsque j’étais jeune frère, un dominicain français, qui avait été prêtre ouvrier, a habité dans ma communauté. Il partait en Inde pour servir les plus pauvres des pauvres, et il est venu à Oxford pour apprendre le bengali. Je lui ai demandé ce qu’il avait l’intention de faire : « Quel est votre plan ? » Il m’a répondu : « Comment puis-je le savoir tant que les pauvres ne me le disent pas ? »
En tant que jeune provincial, j’ai visité un monastère dominicain qui était proche de la fermeture. Il ne restait plus que quatre vieilles moniales. J’étais accompagné du précédent provincial, Pierre. Lorsque nous avons dit aux moniales que l’avenir du monastère semblait très incertain, l’une d’entre elles a dit : « Mais Timothée, notre cher Seigneur ne laisserait pas mourir notre monastère, n’est-ce pas ? Pierre a immédiatement répondu : « Ma sœur, il a laissé mourir son fils ». Nous pouvons donc laisser mourir les choses, non pas dans le désespoir, mais dans l’espérance, afin de laisser la place à la nouveauté.
Saint Dominique a essayé de remettre le contrôle de l’Ordre aux frères parce que chacun d’entre eux avait reçu l’Esprit Saint. Ainsi, être conduit par l’Esprit Saint signifie être libéré de la culture du contrôle. Dans notre société, diriger consiste à garder la main sur les leviers du pouvoir. Le saint pape Jean XXIII déclarait en plaisantant qu’il disait à Dieu chaque soir : « Le pape doit aller dormir maintenant, et toi, Dieu, tu dois t’occuper de l’Église pendant quelques heures ». Comme il l’avait si bien compris, diriger, c’est parfois lâcher le contrôle.
L’Instrumentum Laboris nous appelle à choisir « l’option préférentielle pour les jeunes ». (par exemple en B.2.1.). Chaque année, nous nous souvenons que Dieu est venu à nous sous la forme d’un enfant, d’un nouveau-né. La confiance dans les jeunes fait partie intégrante du leadership chrétien. Les jeunes ne sont pas là pour prendre la place des personnes âgées, mais pour faire ce que nous ne pouvons pas imaginer. Lorsque saint Dominique a envoyé ses jeunes novices prêcher, certains frères l’ont averti qu’il les perdrait. Dominique répondit : « Je sais avec certitude que mes jeunes gens sortiront et reviendront, qu’ils seront envoyés et reviendront ; mais vos jeunes gens seront enfermés et sortiront quand même[41] ».
Être conduit par l’Esprit dans toute la vérité signifie abandonner le présent, faire confiance à l’Esprit pour créer de nouvelles institutions, de nouvelles formes de vie chrétienne, de nouveaux ministères. Tout au long des deux derniers millénaires, l’Esprit Saint a été à l’œuvre pour créer de nouvelles manières d’être Église, depuis les pères et les mères du désert jusqu’aux ordres de frères au xiiie siècle (et même les Jésuites pendant la Contre-Réforme !) jusqu’aux nouveaux mouvements ecclésiaux du siècle dernier. Nous devons laisser l’Esprit Saint travailler de manière créative au milieu de nous avec de nouvelles façons d’être Église que nous ne pouvons pas imaginer aujourd’hui, mais que les jeunes peuvent peut-être imaginer ! « Écoutez-le », dit la voix sur la montagne. Cela inclut l’écoute des jeunes en qui le Seigneur vit et parle (Mt 11, 28).
Comme nous l’avons vu, être conduit à la vérité n’est pas une simple question d’argumentation rationnelle. Nous ne sommes pas que des cerveaux. Nous ouvrons les uns aux autres ce que nous sommes, notre humanité vulnérable. Saint Thomas d’Aquin aimait cette phrase d’Aristote : « Anima est quodammodo omnia » (L’âme est, d’une certaine manière, tout). Nous connaissons profondément en ouvrant notre être à ce qui est autre. Nous nous laissons toucher et changer par la rencontre avec l’autre. La plénitude de la vérité dans laquelle l’Esprit Saint nous conduit n’est pas une connaissance dépassionnée qui inspecte à distance. Elle est plus qu’une connaissance propositionnelle. Elle est inséparable de l’amour transformateur (Instrumentum Laboris A, 1-27). La voie dominicaine est qu’à travers la connaissance, nous en venons à l’amour. La voie franciscaine consiste à dire qu’en aimant, nous apprenons à connaître. Les deux voies sont justes.
Le mystère dans lequel nous sommes conduits est celui d’un amour sans aucune rivalité. Tout ce que le Père possède est donné au Fils et au Saint-Esprit. Même l’égalité. Participer à la vie divine, c’est être libéré de toute rivalité et de toute compétition. C’est de ce même amour divin, libéré de toute rivalité, que nous devons nous aimer les uns les autres au cours de ce Synode. Saint Jean écrit : « Si quelqu’un dit : “J’aime Dieu”, alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas » (1 Jn 4, 20).
Le cheminement vers la plénitude de la vérité est inséparable de l’apprentissage de l’amour. Des changements profonds ne se produiront que si la recherche de la volonté du Seigneur s’inscrit dans la double hélice de l’apprentissage de l’amour pour ceux que nous trouvons difficiles. Cela sera dur à communiquer à ceux qui ne sont pas ici. Toutes ces personnes ont-elles vraiment fait tout ce chemin, à grands frais, juste pour s’aimer les unes les autres ? Les décisions pratiques sont bien sûr inévitables et nécessaires. Mais elles doivent découler de la transformation personnelle et communautaire de ce que nous sommes, sinon elles ne sont que de l’administration.
Imaginez la joie d’être libérés de toute concurrence les uns avec les autres, de sorte que plus les laïcs auront voix au chapitre, plus les évêques en auront, ou plus les femmes se verront accorder d’autorité, plus les hommes en bénéficieront. Ou encore qu’une meilleure reconnaissance de nos frères et sœurs africains, n’amoindrira pas l’autorité de l’Église d’Asie ou de l’Église en Occident.
Cela demande à chacun d’entre nous une profonde humilité alors que nous attendons avec confiance les dons de Dieu. Simone Weil, mystique juive française morte en 1943, en est venue à déclarer en parcourant son chemin vers la vérité : « Je crois en Dieu, en la Trinité, à la Rédemption, à l’Eucharistie et aux enseignements de l’Évangile[42] ». Elle écrit que « les dons les plus précieux ne s’obtiennent pas en les cherchant, mais en les attendant… Cette façon de regarder est avant tout attentive. L’âme se vide de tout son contenu pour accueillir l’être humain qu’elle regarde, tel qu’il est, dans toute sa vérité[43] ».
Si nous nous laissons guider par l’Esprit de vérité, sans doute nous discuterons. Ce sera parfois douloureux. Il y aura des vérités que nous préférerions ne pas avoir à affronter. Mais nous serons conduits un peu plus profondément dans le mystère de l’amour divin et nous connaîtrons une telle joie que les gens nous envieront d’être ici et souhaiteront ardemment assister à la prochaine session du Synode !
[36] Burt Norton, The Four Quarters.
[37] Convocation, Conrwell, May 24th 2008.
[38] « Ne timeamus quod veritas veritati noceat »
[39] « Tell all the truth but tell it slant — Success in Circuit lies »
[40] 25 janvier 2023
[41] Simon Tugwell (ed), Early Dominicans: selected writings, Ramsey N.J., 1982, p. 91.
[42] S. Pétrement, La vita di Simone Weil, Adelphi, Milano, 2010, p. 646
[43] Waiting on God, trad. Emma Crauford, Londres 1959, p.169.
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