Conversation sur le chemin d’Emmaüs

Retraite pré-synodale 2024

Avant le début de la première session du Synode des Évêques sur la Synodalité, les membres de l’assemblée synodale ont vécu une retraite de tous jours (1-3 octobre 2023) prêchée par le Frère Thimothy Radcliffe o.p.

Ces médiations, données en anglais, ont été relayées par le site Vatican News. J’en propose ici une traduction personnelle et provisoire en Français. Produites au fur et à mesure de la parution des méditations, ces traductions comportent encore quelques lourdeurs stylistiques, mais se veulent proches de l’oralité inhérente à l’exercice.

Sylvain Brison

Lundi 2 octobre 2023
Quatrième méditation

Version anglaise

Conversation sur le chemin d’Emmaüs

Timothy Radcliffe, o. p.

Nous sommes appelés à marcher sur le chemin synodal dans l’amitié. Sinon, nous n’arriverons à rien. L’amitié, avec Dieu et entre nous, s’enracine dans la joie d’être ensemble, mais nous avons besoin de mots. À Césarée de Philippe, la conversation s’est interrompue. Jésus avait appelé Pierre « Satan », l’ennemi. Sur la montagne, il ne sait toujours pas quoi dire, mais ils commencent à l’écouter et la conversation peut reprendre alors qu’ils se dirigent vers Jérusalem.

En chemin, les disciples se disputent, comprennent mal Jésus et finissent par l’abandonner. Le silence revient. Mais le Seigneur ressuscité apparaît et leur donne des paroles de guérison à s’adresser les uns aux autres. Nous aussi, nous avons besoin de paroles de guérison qui franchissent les frontières qui nous divisent : les frontières idéologiques de la gauche et de la droite, les frontières culturelles qui séparent un continent d’un autre, les tensions qui divisent parfois les hommes et les femmes. Les mots partagés sont l’élément vital de notre Église. Nous devons les retrouver pour le bien de notre monde où la violence est alimentée par l’incapacité de l’humanité à écouter. La conversation mène à la conversion.

Comment les conversations doivent-elles commencer ? Dans la Genèse, après la chute, il y a un silence terrible. La communion silencieuse de l’Eden est devenue le silence de la honte. Adam et Ève se cachent. Comment Dieu peut-il franchir ce gouffre ? Dieu attend patiemment qu’ils se soient vêtus pour cacher leur embarras. Ils sont alors prêts pour la première conversation de la Bible. Le silence est rompu par une simple question : « Où es-tu ? ». Il ne s’agit pas d’une demande d’information. C’est une invitation à sortir de la lumière et à se tenir visiblement devant la face de Dieu.

C’est peut-être la première question par laquelle nous devrions rompre les silences qui nous séparent. Non pas : « Pourquoi avez-vous ces opinions ridicules sur la liturgie ? » ou « Pourquoi êtes-vous un hérétique ou un dinosaure patriarcal ? » ou « Pourquoi restez-vous sourd à mes propos ? », mais « Où êtes-vous ? ». « Qu’est-ce qui te préoccupe ? ». Voilà qui je suis. Dieu invite Adam et Ève à sortir de leur cachette et à être vus. Si nous sortons nous aussi à la lumière et si nous nous laissons voir tels que nous sommes, alors nous trouverons des mots les uns pour les autres. Lors de la préparation de ce Synode, ce sont souvent les membres du clergé qui ont été les plus réticents à sortir de la lumière et à partager leurs inquiétudes et leurs doutes. Peut-être avons-nous peur d’être vus nus. Comment pouvons-nous nous encourager mutuellement à ne pas craindre la nudité ?

Après la résurrection, le silence du tombeau est à nouveau rompu par des questions. Dans l’évangile de Jean : « Pourquoi pleurez-vous ? Dans l’évangile de Luc : « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? Lorsque les disciples fuient vers Emmaüs, ils sont remplis de colère et de déception. Les femmes affirment avoir vu le Seigneur, mais ce ne sont que des femmes. Comme aujourd’hui parfois, les femmes ne semblaient pas alors compter ! Les disciples fuient la communauté de l’Église, comme tant de gens aujourd’hui. Jésus ne leur barre pas la route et ne les condamne pas. Il leur demande : « De quoi parlez-vous ? »  Quels sont les espoirs et les déceptions qui agitent vos cœurs ? Les disciples parlent avec colère. Le grec signifie littéralement : « Quelles sont ces paroles que vous vous lancez les uns aux autres ? » Jésus les invite donc à partager leur colère. Ils avaient espéré que Jésus serait celui qui rachèterait Israël, mais ils se sont trompés. Il a échoué. Il marche donc avec eux et s’ouvre à leur colère et à leur peur.

Notre monde est rempli de colère. Nous parlons aujourd’hui de la politique de la colère. Un livre récent s’intitule « American Rage ». Cette colère infecte également notre Église. Une colère justifiée face aux abus sexuels commis sur des enfants. La colère contre la position des femmes dans l’Église. La colère contre ces affreux conservateurs ou ces horribles libéraux. Osons-nous, comme Jésus, nous demander les uns aux autres : « De quoi parlez-vous ? Pourquoi es-tu en colère ? » Osons-nous entendre la réponse ? Parfois, j’en ai assez d’écouter toute cette colère. Je ne supporte plus d’en entendre davantage. Mais je dois écouter, comme Jésus, en marchant vers Emmaüs.

De nombreuses personnes espèrent que leur voix sera entendue au cours de ce Synode. Ils se sentent ignorés et sans voix. Ils ont raison. Mais nous n’aurons une voix que si nous écoutons d’abord. Dieu appelle les gens par leur nom : Abraham, Moïse, Samuel. Ils répondent par le beau mot hébreu hinneni, « Me voici ». Le fondement de notre existence est que Dieu s’adresse à chacun de nous par son nom et que nous l’entendons. Non pas l’idée cartésienne « je pense, donc je suis », mais « j’entends, donc je suis ». Nous sommes ici pour écouter le Seigneur et pour nous écouter les uns les autres. Comme on dit, nous avons deux oreilles mais une seule bouche ! Ce n’est qu’après avoir écouté que l’on peut parler.

Nous n’écoutons pas seulement ce que les gens disent, mais ce qu’ils essaient de dire. Nous écoutons les mots non exprimés, les mots qu’ils cherchent. Un proverbe sicilien di : « La miglior parola è quella che non si dice[24]” (“La meilleure parole est celle qui n’est pas prononcée”). Nous écoutons pour savoir s’ils ont raison, s’ils ont un grain de vérité, même si ce qu’ils disent est faux. Nous écoutons avec espoir et non avec mépris. Nous avions une règle au Conseil général de l’Ordre dominicain. Ce que les frères disaient n’était jamais un non-sens. Cela peut être mal informé, illogique, voire erroné, mais quelque part, dans leurs paroles erronées, se trouve une vérité que j’ai besoin d’entendre. Nous sommes des mendiants à la recherche de la vérité. Les premiers frères disaient de saint Dominique qu’« il comprenait tout dans l’humilité de son intelligence[25] ».

Les ordres religieux ont peut-être quelque chose à apprendre à l’Église sur l’art de la conversation. Saint Benoît nous enseigne la recherche du consensus, saint Dominique l’amour du débat, sainte Catherine de Sienne le plaisir de la conversation, saint Ignace de Loyola l’art du discernement, et saint Philippe Neri, le rôle du rire.

Si nous écoutons vraiment, alors nos réponses toutes faites s’évaporeront. Nous serons réduits au silence et ne saurons plus où donner de la tête, comme Zacharie avant de se mettre à chanter. Si je ne sais pas comment répondre à la douleur ou à la perplexité de ma sœur ou de mon frère, je dois me tourner vers le Seigneur et lui demander les mots. La conversation peut alors commencer.

La conversation nécessite un saut imaginatif dans l’expérience de l’autre personne. Il faut voir avec ses yeux et entendre avec ses oreilles. Nous devons entrer dans sa peau. De quelles expériences ses mots sont-ils issus ? De quelle douleur ou de quel espoir sont-ils porteurs ? Quel est leur parcours ?

La prédication a fait l’objet d’un débat animé au sein d’un chapitre général dominicain sur la nature de la prédication – un sujet toujours brûlant pour les Dominicains ! Le document proposé au chapitre considérait la prédication comme dialogique : nous proclamons notre foi en entrant en conversation. Mais certains capitulaires n’étaient pas du tout d’accord, estimant que cela frôlait le relativisme. Ils ont déclaré : « Nous devons oser prêcher la vérité avec audace ». Peu à peu, il est devenu évident que les frères qui se querellaient parlaient à partir d’expériences très différentes.

Le document avait été rédigé par un frère basé au Pakistan, où le christianisme se trouve nécessairement en dialogue constant avec l’islam. En Asie, il n’y a pas de prédication sans dialogue. Les frères qui ont réagi fortement contre le document étaient principalement originaires de l’ex-Union soviétique. Pour eux, l’idée d’un dialogue avec ceux qui les ont emprisonnés n’avait pas de sens. Pour dépasser le désaccord, l’argumentation rationnelle est nécessaire mais pas suffisante. Il faut imaginer les raisons pour lesquelles l’autre personne défend son point de vue. Quelle expérience l’a conduit à ce point de vue ? Quelles sont ses blessures ? Quelle est sa joie ?

Cela exigeait d’écouter avec toute son imagination. L’amour est toujours le triomphe de l’imagination, alors que la haine est un échec de l’imagination. La haine est abstraite. L’amour est particulier. Dans le roman de Graham Greene, La puissance et la gloire, le héros, un pauvre prêtre chétif, dit : « Quand on voyait les lignes aux coins des yeux, la forme de la bouche, la façon dont les cheveux poussaient, il était impossible de haïr. La haine n’était qu’un échec de l’imagination ».

Nous devons franchir les frontières non seulement de la gauche et de la droite, ou les frontières culturelles, mais aussi les frontières générationnelles. J’ai le privilège de vivre avec de jeunes dominicains dont le parcours de foi est différent du mien. De nombreux religieux et prêtres de ma génération ont grandi dans des familles fortement catholiques. La foi pénétrait profondément notre vie quotidienne. L’aventure du Concile Vatican II a consisté à rejoindre le monde séculier. Des prêtres français sont allés travailler dans des usines. Nous avons enlevé l’habit et nous nous sommes immergés dans le monde. Une sœur en colère, me voyant porter mon habit, s’est exclamée : « Pourquoi portes-tu encore cette vieille chose ? »

Aujourd’hui, de nombreux jeunes – surtout en Occident, mais de plus en plus partout – grandissent dans un monde séculier, agnostique ou même athée. Leur aventure est la découverte de l’Évangile, de l’Église et de la tradition. Ils endossent joyeusement l’habit. Nos parcours sont contraires mais pas contradictoires. Comme Jésus, je dois marcher avec eux, apprendre ce qui fait vibrer leur cœur. De quoi parlez-vous ? Quels films regardez-vous ? Quelle musique aimez-vous ? Nous aurons alors des mots les uns pour les autres.

Je dois imaginer comment ils me voient ! Qui suis-je dans leur regard ? Un jour, je me promenais à vélo dans Saigon avec une foule de jeunes étudiants dominicains vietnamiens. (C’était bien avant que les touristes ne deviennent monnaie courante). Nous avons tourné au coin de la rue et il y avait un groupe de touristes occidentaux. Ils avaient l’air si gros, si gras et d’une apparance étrangement laide. Des gens vraiment bizarres. J’ai alors réalisé que je ressemblais aussi à cela !

Alors que les disciples marchent vers Emmaüs, ils écoutent cet étranger qui les traite d’idiots et les contredit. Lui aussi est en colère ! Mais ils commencent à se réjouir de ses paroles. Leur cœur brûle en eux. Au cours du Synode, pouvons-nous apprendre le plaisir extatique du désaccord qui mène à la compréhension ? Hugo Rahner, le jeune frère de Karl (et beaucoup plus facile à comprendre !) a écrit un livre sur l’homo ludens, l’humanité enjouée[26]. Apprenons à nous parler de manière ludique ! Comme le font Jésus et la Samaritaine au puits dans le chapitre 4 de l’évangile selon saint Jean.

Dans la première lecture d’aujourd’hui, nous entendons qu’à la fin des temps, » less places de la ville seront pleines de petits garçons et de petites filles qui viendront y jouer » (Za 8, 5). L’Évangile nous invite tous à devenir des enfants : « Amen, je vous le dis : si vous ne changez pas pour devenir comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » (Mt 18, 3). Nous nous préparons au Royaume en devenant ludiques, enfantins, mais pas puérils. Dans l’Église, nous sommes parfois affligés par un sérieux ennuyeux et sans joie. Il n’est pas étonnant que les gens s’ennuient !

La nuit du nouveau millénaire, alors que j’attendais en Côte d’Ivoire de prendre un vol pour l’Angola, j’étais assis dans l’obscurité avec nos étudiants dominicains, partageant une bière et parlant facilement de ce qui nous était le plus cher. Nous nous réjouissions du plaisir d’être différents, d’avoir des imaginations différentes. Le plaisir de la différence ! Je craignais de rater l’avion, mais il avait trois jours de retard ! La différence est féconde, génératrice. Chacun de nous est le fruit de la merveilleuse différence entre les hommes et les femmes. Si nous fuyons la différence, nous serons stériles et sans enfants, dans nos foyers et dans notre Église. Encore une fois, nous remercions tous les parents de ce Synode ! Les familles peuvent en apprendre beaucoup à l’Église sur la manière de gérer la différence. Les parents apprennent à tendre la main aux enfants qui font des choix incompréhensibles tout en sachant qu’ils ont toujours une maison.

Si nous pouvons découvrir le plaisir d’imaginer pourquoi nos sœurs et nos frères ont des opinions que nous trouvons bizarres, alors un nouveau printemps commencera dans l’Église. L’Esprit Saint nous donnera le don de parler d’autres langues.

Remarquez que Jésus n’essaie pas de contrôler la conversation. Il demande de quoi ils parlent ; il va là où ils vont, et non pas là où il voudrait aller ; il accepte leur hospitalité. Une véritable conversation ne peut être contrôlée. On s’abandonne à sa direction. Nous ne pouvons pas prévoir où elle nous mènera : à Emmaüs ou à Jérusalem. Où ce Synode conduira-t-il l’Église ? Si nous le savions à l’avance, ce ne serait pas la peine de le faire ! Laissons-nous surprendre !

La vraie conversation est donc risquée. Si nous nous ouvrons aux autres dans une conversation libre, nous serons changés. Chaque amitié profonde fait naître une dimension de ma vie et de mon identité qui n’existait pas auparavant. Je deviens quelqu’un que je n’ai jamais été auparavant. J’ai grandi dans une merveilleuse famille catholique conservatrice. Lorsque je suis devenue dominicain, je me suis lié d’amitié avec des personnes d’origine différente, aux idées politiques totalement différentes ; ce que ma famille a trouvé fort dérangeant ! Qui étais-je alors lorsque je suis rentré chez moi pour retrouver ma famille ? Comment ai-je réconcilié la personne que j’étais avec eux et celle que je devenais avec les dominicains ?

Chaque année, je fais la connaissance de dominicains nouvellement entrés dans l’Ordre, avec des convictions et des façons de voir le monde si différentes. Si je m’ouvre à eux en toute amitié, qui deviendrai-je ? Même à mon âge avancé, mon identité doit rester ouverte. Dans le roman de Madeleine Thien sur les immigrants chinois aux États-Unis, Do Not Say We Have Nothing, l’un des personnages dit : « N’essayez jamais de n’être qu’une seule chose, un être humain intact. Si tant de gens vous aiment, pouvez-vous honnêtement être une seule chose[27] ? » Si nous nous ouvrons à de multiples amitiés, nous n’aurons pas une identité nette et étroitement définie. Si nous nous ouvrons les uns aux autres dans ce Synode, nous serons tous changés. Ce sera une petite mort et une petite résurrection.

Un maître des novices, dominicain philippin, avait affiché sur sa porte : « Pardonnez-moi. Je suis un travail en chantier ». La cohérence est à venir, dans le Royaume. Alors, le loup et l’agneau en chacun de nous seront en paix l’un avec l’autre. Si nous avons des identités fermées, figées et écrites dans la pierre, nous ne connaîtrons jamais l’aventure de nouvelles amitiés qui dévoileront de nouvelles dimensions de ce que nous sommes. Nous ne serons pas ouverts à l’amitié spacieuse du Seigneur.

 Lorsqu’ils atteignent Emmaüs, la fuite de Jérusalem s’arrête. Jésus semble vouloir aller plus loin mais, avec une glorieuse ironie, invitent le Seigneur du sabbat à se reposer avec eux. « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse » (Lc 24, 29). Jésus accepte leur hospitalité comme les trois étrangers de la Genèse ont accepté l’hospitalité d’Abraham (Gn 18). Dieu est notre invité. Nous devons nous aussi avoir l’humilité d’être des invités. Le rapport allemand disait que nous devons quitter « la position confortable de ceux qui donnent l’hospitalité pour nous laisser accueillir dans l’existence de ceux qui sont nos compagnons sur le chemin de l’humanité ».

 Marie-Dominique Chenu, le « grand-père » du Concile Vatican II, sortait presque tous les soirs, même à 80 ans. Il sortait pour écouter les responsables syndicaux, les universitaires, les artistes, les familles, et accepter leur hospitalité. Le soir, nous nous retrouvions autour d’une bière et il nous demandait : « Qu’avez-vous appris aujourd’hui ? À quelle table t’es-tu assis ? Quels cadeaux avez-vous reçus ? » L’Église de chaque continent a des dons à offrir à l’Église universelle. Pour ne prendre qu’un exemple, mes frères d’Amérique latine m’ont appris à ouvrir mes oreilles aux paroles des pauvres, en particulier à celles de notre bien-aimé frère Gustavo Gutiérrez. Les entendrons-nous dans nos débats ce mois-ci ? Qu’apprendrons-nous de nos frères et sœurs d’Asie et d’Afrique ?

« Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards » (Lc 24, 30-31). « Leurs yeux s’ouvrirent ». La dernière fois que nous avons entendu cette phrase, c’était lorsqu’Adam et Ève prirent le fruit de l’arbre de vie, que leurs yeux s’ouvrirent et qu’ils surent qu’ils étaient nus. C’est pourquoi certains commentateurs anciens identifiaient les disciples du chemin à Cléopas et sa femme, un couple marié, un nouvel Adam et une nouvelle Ève. Ils mangent à présent le pain de vie.

Une dernière petite réflexion : lorsque Jésus disparaît de leur vue, ils disent : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32). C’est comme si ce n’était qu’après coup qu’ils prenaient conscience de la joie qu’ils avaient eue en marchant avec le Seigneur. Saint John Henry Newman a dit que ce n’est qu’en regardant notre vie en arrière que nous nous rendons compte que Dieu a toujours été avec nous. Je prie pour que ce soit aussi notre expérience.

Au cours de ce Synode, nous serons comme ces disciples d’Emmaüs. Parfois, nous ne serons pas conscients de la grâce du Seigneur qui agit en nous et nous pourrons même penser que tout cela n’est qu’une perte de temps. Mais je prie Dieu pour qu’ensuite, en regardant en arrière, nous nous rendions compte que Dieu était avec nous tout le temps, et que nos cœurs brûlaient en nous.


[24] Litterallement : « La megliu parola è chiddra chi nun si dici »

[25] humili cordis intelligentia

[26] Man at Play or Did you ever practice eutrapelia? Traduit en anglais par Brian Battershaw and Edward Quinn, Compass Books, London, 1965.

[27] Granta, London, 2016, p. 457.

2023-10-04T19:14:13+00:002 octobre 2023|Besace|0 commentaire

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